Étude du design et de l’architecture durable et régénérative: le design holistique, par AUB&CO Intérieurs.
Qu’est-ce que l’holisme?
Le courant holistique est comme un grand puzzle où chaque idée constitue une pièce qui s'attache aux autres. Holisme veut dire « holos », qui signifie « tout » en grec, et vise à souligner l'importance de l'interdépendance entre chacune des parties qui composent un « tout ». C'est-à-dire que l'on regarde l'importance de toutes les parties qui font un ensemble, tout en prenant en compte l’espace lui-même ainsi que les émotions et l’âme de ceux qui l’habitent. Imagine que chaque partie d'un jeu est importante et qu'ensemble, elles forment quelque chose de spécial qui ne peut pas être compris juste en ajoutant les parties séparées. C'est comme si le tout représentait plus que la somme de ses parties.
Comprendre le design et l'architecture dans une perspective holistique me permet d'unir tous les principes qui englobent le design et l'architecture durable avec un minimum de conséquences en adoptant une vision globale dans laquelle chaque concept est lié au précédent, sans pouvoir être expliqué indépendamment.
C'est le cas notamment en médecine holistique où l'on traite une personne dans son ensemble, à la fois l'aspect physique, psychologique, émotionnel, spirituel.
Relier les concepts entre eux implique de les responsabiliser – il ne s'agit pas de chercher une réponse différente à chaque problème, mais de proposer une solution unique qui tente de répondre à tout simultanément. #symbiose
C'est pourquoi la prise de conscience de cette interdépendance permet d'aborder la lutte contre l'urgence climatique dans une approche plus globale et donc efficace.
Ces dernières années, en réponse à la préoccupation climatique actuelle croissante, de nombreuses stratégies ont été mises en place pour réglementer le secteur du design et de l'architecture.
En ce sens, il est important d'identifier les trois stratégies clés qui définissent le design et l'architecture à empreinte minimale et qui constituent une discipline essentielle : le design holistique.
1. SANTÉ DES GENS
2. SANTÉ DE L'ENVIRONNEMENT
3. UTILISATION CONSCIENTE DES RESSOURCES PLANÉTAIRES
L'objectif est de garantir que 100 % des nouveaux bâtiments construits répondent à des critères de durabilité et de conséquences minimales. De plus, il y a une prise de conscience croissante à propos de l'environnement dans lequel nous habitons, qui influence grandement notre état de santé et de bien-être. Nos villes et nos maisons sont à l'honneur et je remarque que de plus en plus d'individus, d'experts et de professionnels lancent des débats et réclament la prise en compte de la santé comme facteur déterminant de la qualité d'un espace bâti, en faisant appel à l'intuition et aux sens.
Dans un scénario de changement climatique, de perte de biodiversité, d'épuisement de ressources planétaires limitées, de pollution et de grandes inégalités, il est urgent de repenser la manière dont nous aménageons nos espaces de vie à toutes les échelles du bâti, soit individuelle, urbaine, régionale, nationale et internationale.
Nous devons aborder chacune des échelles qui composent les infrastructures qui fournissent des services à nos besoins vitaux et les repenser dans une perspective de durabilité en harmonie avec la nature et les êtres vivants.
La vision du design dans une perspective holistique va au-delà de l'efficacité énergétique, de la santé ou de la réduction de l’empreinte environnementale et comprend le design comme faisant partie d'un écosystème interconnecté qui doit respecter avant tout la vie sur cette planète.
Il s'agit de rechercher des solutions globales qui répondent simultanément aux besoins des personnes, de l'environnement, et qui utilisent consciemment les ressources accessibles sur la planète, permettant une approche plus efficace des défis posés par la construction de bâtiments durables avec une empreinte minimale.
Par rapport à ceci, on peut se poser quelques questions :
Comment le design peut-il respecter et promouvoir la santé à partir de ces trois domaines?
Comment concevoir des espaces qui favorisent notre bien-être physique, mental et social?
Voyons en détail chacune des interactions du design et de l'architecture avec l'être humain.
1. SANTÉ DES GENS
Il existe une relation directe entre la santé des gens et l'endroit où ils vivent. Un espace, tant intérieur qu'extérieur, a la capacité d'affecter notre santé physique et émotionnelle. En effet, depuis 1947, l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) définit la santé comme un état de bien-être physique, mental et social.
1.1 DESIGN ET SANTÉ PHYSIQUE
Un environnement intérieur sain se distingue par différents facteurs à prendre en compte. La réalisation d'un espace sain et respectueux de l'organisme des êtres vivants part de différentes prémisses comme :
A. Confort thermo-acoustique
Il est nécessaire de proposer des systèmes constructifs qui permettent d'isoler l'intérieur de la maison des sources de chaleur ou de froid excessif ainsi que des nuisances sonores, et pour cela, il faut travailler avec des critères bioclimatiques qui utilisent des stratégies d'architecture passive.
B. Confort hygrothermique
Les humains ont évolué en vivant à l'extérieur, dans une humidité d'environ 50 %, et c'est autour de cette échelle que notre corps est en bonne santé. La nature hygroscopique des biomatériaux aide à équilibrer le niveau d'humidité relative de l'environnement intérieur.
C. Ventilation et renouvellement d'air
De plus, il est nécessaire d'avoir un bon renouvellement d'air en permanence, en évitant l'accumulation de CO2. La ventilation est également une stratégie nécessaire pour assurer le bien-être pendant les mois chauds, comme ceux plus froids, sans consommation d'énergie active.
D. Absence de toxines
Les matériaux de construction, les meubles, les revêtements, les textiles et les produits ménagers présents dans la maison peuvent incorporer des toxines nocives qui se bioaccumulent dans l'air, et donc dans notre corps, augmentant significativement notre risque de souffrir de conditions ou de maladies d'origine environnementale.
E. Ressources en eau
Il faut aussi s'assurer que l'eau courante fournie par notre maison est totalement exempte de bactéries ou de contaminants chimiques.
F. Champs électromagnétiques
L'OMS a déterminé les champs électromagnétiques (CEM) comme un « risque émergent ». Par conséquent, garantir un espace sain implique d'atteindre des niveaux réduits d'incidence des champs électromagnétiques provenant des sources intérieures et extérieures de nos espaces habités.
1.2 SANTÉ MENTALE
Il a été démontré que les espaces que nous habitons exercent une influence sur nos émotions. Chaque jour, nous sommes soumis à de nombreux stimuli qui affectent directement notre système nerveux. Cela explique pourquoi un espace a la capacité de produire détente et confort, ou, au contraire, stress et inconfort.
Les progrès des neurosciences ont permis d'expliquer la relation entre l'espace habité et le système nerveux central, afin de pouvoir détecter les séquences émotionnelles et les réactions psychologiques que produisent certains environnements lorsqu'ils sont traversés.
Ces dernières années, le terme « neuro-architecture » a été couramment utilisé par les professionnels du design et de l'architecture dans la conception d'intérieurs et la conception de bâtiments.
Comprendre comment un environnement peut interagir avec nos perceptions, nos émotions, notre mémoire, ou encore avec notre concentration et nos performances est une vision radicalement innovante pour la création d'espaces sains.
La « neuro-architecture » vise à revaloriser les bénéfices immatériels de l'espace intérieur architectural, autrement dit de la perception cognitive des sens de l'être humain : la vue, l'ouïe, l'odorat et le toucher.
Compte tenu de la recherche neuroscientifique croissante et de notre propre capacité déductive, une série de modèles peut être établie pour soutenir la conception neuro-architectonique.
Un contrôle adéquat de la lumière et des couleurs, un contact visuel avec les espaces naturels, une répartition et une morphologie harmonieuses de l'espace, construit avec des matériaux sains et naturels qui assurent un confort hygrothermique, acoustique et olfactif, entre autres, activent positivement notre système nerveux central, libérant les hormones qui produisent le bien-être.
1.3 SANTÉ SOCIALE
De nombreuses études s'accordent à dire que le bonheur se mesure à la qualité de nos relations humaines. Nous sommes des êtres sociaux qui avons, pour la plupart, évolué dans une famille et dans une communauté, et c'est là que se situent notre zone de confort et notre refuge de bien-être.
Une vie saine implique de créer des liens de soutien social avec d'autres êtres humains. Il existe une indiscutable interrelation entre nous qui provoque le besoin d'interagir les uns avec les autres.
Cette idée de faire communauté a évolué au cours de l'histoire, transformant progressivement nos façons de vivre ensemble.
Parmi les modèles architecturaux, une réponse directe à ce besoin d'interrelation est apparue récemment. Les cohabitations, dites habitations communes, sont devenues au Québec, comme en Europe ou dans les autres pays nordiques, un modèle innovateur dans le développement urbain que nous connaissons, basé sur l'individualité des espaces pour aller vers des modèles adaptés à la gestion et à la création d'une communauté solidaire et unie.
Il existe de nombreux exemples de projets mettant en pratique le modèle de cohabitation, tant à l'échelle urbaine, avec des quartiers entiers autogérés, qu'à l'échelle du projet, avec des projets spécifiques de maisons et de logements coopératifs.
2. SANTÉ ENVIRONNEMENTALE
Bien que prendre soin de notre santé et de celle des personnes qui nous entourent soit un principe fondamental pour comprendre la vision holistique du design, c'est aussi prendre soin de la nature et de l'environnement avec lesquels nous sommes profondément interconnectés.
« Il n'y a pas de santé sur une planète malade. »
La lutte pour réduire l'empreinte environnementale doit être abordée à partir de tous les domaines de notre société. À cet effet, le design et l'architecture, en tant que disciplines qui fournissent le scénario de vie de nos communautés, ont un rôle fondamental dans ce nécessaire changement de mentalité dans lequel aucune action n'est envisagée, au profit de quelques-uns, mais dans une perspective qui s'adresse au bien commun de tous les êtres vivants et de la nature même qui les abrite.
2.1 BÂTIMENTS À EMPREINTE MINIMALE
Selon les données de l'Agence internationale de l'énergie (AIÉ), pour 2022, le secteur de la construction représente 39 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre.
Environ 28 % correspondent à la consommation énergétique des bâtiments et les 11 % restants sont attribués au carbone dit embarqué – embodied carbon – issu des processus de production et de mise en œuvre des matériaux de construction.
Au Québec, la consommation énergétique de nos bâtiments est réglementée par le Code national du bâtiment (CNB). Cependant, la consommation d'énergie n'est qu'un des nombreux éléments à prendre en compte sur la liste des répercussions que le cycle de vie que tout environnement bâti implique.
Au-delà de l'énergie, les bâtiments sont ceux qui génèrent le plus d'effets néfastes directs sur leur environnement, modifiant l'équilibre des écosystèmes naturels et générant une empreinte écologique importante.
C'est pourquoi établir des critères permettant d'évaluer l'empreinte laissée par chaque ouvrage bâti est devenu une exigence nécessaire pour neutraliser les effets produits par le design et l'architecture sur l'environnement. Ainsi, nous contribuerons directement, activement et efficacement à l'atténuation du changement climatique.
Des facteurs comme l’utilisation adéquate et respectueuse du terrain, en évitant d'altérer les écosystèmes naturels et la biodiversité de l'environnement dans lequel nous construisons nos maisons, ou des stratégies comme la mise en œuvre de mécanismes de gestion des déchets – maison zéro déchet – par le recyclage et la réutilisation, qui permettent d'allonger le cycle de vie des éléments qui interfèrent dans le processus, sont quelques-unes des actions essentielles à prendre en compte.
Mais au-delà de cette prise de conscience, pour aborder le design dans une perspective qui découle de la conception architecturale holistique, il est nécessaire d'inclure des mécanismes qui nous permettent de mesurer et d'évaluer notre performance à cet égard, en établissant des valeurs maximales d'émissions de gaz à effet de serre pour chaque bâtiment et chaque projet conçu et construit et en les limitant pour aller vers la décarbonation, la déconsommation et la dématérialisation.
Cela passe sans doute par l'utilisation de biomatériaux ou de matériaux sains et durables décarbonés, à empreinte carbone réduite, et aussi par la conception selon les directives de l'architecture et du design bioclimatique, qui permettent de réduire la consommation énergétique du bâtiment tout au long de sa vie utile.
3. UTILISATION CONSCIENTE DES RESSOURCES PLANÉTAIRES
Il est estimé que la consommation des ressources planétaires doublera à l'aube de l'an 2060, aggravant la surcharge environnementale de notre planète. Outre la croissance démographique qui continue, le système économique mondial non durable et les exigences du niveau de vie occidentale ne sont que quelques-unes des raisons qui causent cette situation.
Nous sommes donc dans une nouvelle ère géologique qui s'impose sur le plan scientifique sous le nom d'Anthropocène, dans laquelle l'homme est venu altérer la stabilité de la planète.
Ce problème a été largement abordé par les scientifiques du Conseil supérieur de la recherche scientifique (CSIC) dans différentes publications axées sur l'avertissement de l'épuisement des ressources planétaires nécessaires pour assurer le bien-être des sociétés telles que nous les connaissons, mais aussi pour aborder la transition vers une société durable, dont l'énergie et les matières premières, qui dépendent de ressources de plus en plus rares et dispersées.
3.1 RESSOURCES SUFFISANTES
Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), dans son rapport spécifique sur les effets climatiques des bâtiments, aborde le terme de suffisance des ressources, soulevant l'urgence de réduire la demande en matériaux et ressources non essentiels.
La suffisance est devenue le nouveau paradigme du développement. Elle vise à répondre aux besoins des êtres humains, en assurant leur bien-être physique et mental, mais en questionnant les dynamiques et les comportements humains afin d'éviter la demande de matériaux, d'énergie, de terres, d'eau et d'autres ressources naturelles qui ne sont pas essentielles pour assurer une qualité de vie adéquate et suffisante dans les limites planétaires pour toute la population de manière juste et équitable.
Il s'agit de se rappeler que les ressources de notre planète sont limitées et que notre propre subsistance y est liée.
3.2 LIMITES PLANÉTAIRES
Le chercheur Johan Rockström, du Stockholm Resilience Center, a identifié en 2009 les processus qui régulent la stabilité et la résilience du système terrestre.
A. Changement climatique
B. Contamination chimique et libération de nouvelles entités
C. Appauvrissement de la couche d'ozone
D. Aérosols atmosphériques
E. Acidification des océans
F. Cycle de l'azote et du phosphore
G. Consommation d'eau douce et cycle de l'eau
H. Changements dans l'utilisation des terres
I. Perte de biodiversité et extinctions
À la suite de ses recherches, il a proposé une mesure quantitative des limites planétaires à l'intérieur desquelles l'humanité peut continuer à prospérer et à se développer.
Mais selon une publication récente dans The Earth Commission, on estime que sept (7) de ces systèmes ont assurément déjà dépassé la limite de danger.
3.3 COMMENT VIVRE DIGNEMENT DANS LES LIMITES PLANÉTAIRES?
Le GIEC propose donc une série de normes qui orientent le secteur du design et de l'architecture vers un équilibre entre le bien-être et un scénario durable.
Des normes de qualité de vie équitable telles qu'avoir :
- Un abri pour vivre
- Une alimentation adéquate
- Des commodités
- Des conditions de confort de base
- L'accès au système de santé, au transport, à l'information, à l'éducation et à l'espace public
La suffisance est donc la nécessité de consommer équitablement l'espace disponible et les ressources de la planète.
Il s'agit de proposer des actions pérennes permettant d'optimiser et de flexibiliser nos modes de vie, comme :
- Privilégier la cohabitation à l'unifamiliale.
- Ajuster la taille des immeubles afin de réduire la demande de ressources lors des différentes phases de construction, ainsi que la demande énergétique tout au long de sa vie utile.
EN CONCLUSION, l'étude du design et de l’architecture durable, régénérative, saine, biohabitable et holistique par AUB&CO Intérieurs révèle une vision révolutionnaire du design et de l'architecture. L'approche holistique, qui met de l’avant l'interdépendance des parties pour former un tout cohérent, guide chaque concept de ce processus.
Cette démarche dépasse les notions traditionnelles d'efficacité énergétique ou d'empreinte environnementale, mais assure l'intégration de la santé physique, mentale et sociale des individus ainsi que la préservation de l'environnement.
L'approche holistique envisage chaque projet comme une pièce essentielle d'un écosystème interconnecté. En embrassant la santé humaine, la santé de l'environnement et l'utilisation consciente des ressources planétaires, elle redéfinit le rôle du design et de l'architecture pour le bien commun, la durabilité et la régénération. Cela signifie repenser les bâtiments comme des entités vivantes qui agissent en harmonie avec la nature et les êtres vivants, tout en maintenant la qualité de vie des générations futures.
En explorant ces trois dimensions - santé des gens, santé de l'environnement et utilisation consciente des ressources - AUB&CO Intérieurs contribue activement à la construction d'un avenir plus responsable. Les principes de ce design holistique, basés sur des critères de durabilité, de régénération et d'empreinte minimale, dessinent une voie vers des bâtiments et des espaces qui transcendent les limites du présent pour créer un avenir plus sain, équilibré et respectueux de notre planète.
La prise de conscience de cette interdépendance entre les aspects humains et environnementaux de la conception nous permet d'aborder la lutte contre l'urgence climatique de manière globale et efficace.
Les défis actuels exigent une réponse globale et la vision holistique du design offre une solution cohérente pour un monde meilleur, plus durable, régénératif, sain, biohabitable, équitable et en symbiose.
Par Audrey Bernier Perron, AUB&CO Intérieurs.
Septembre 2023.
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